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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 18:45

Newsletter de décembre 2008

Par Claude.B. LEVENSON
www.carpediem.pellnet.ch/claudeleveson
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claude.levenson@gmail.com


LE TIBET ET LES TIBETAINS, COEUR CHAUD ET TETE FROIDE


« Comble de l’insolence ! », s’est exclamé Lech Walesa, prix Nobel de la paix et ancien président de Pologne, mais surtout fondateur du syndicat « Solidarité », en apprenant que Pékin avait abruptement et unilatéralement décidé d’ajourner le sommet Union Européenne/Chine prévu le 1er décembre à Lyon. La décision a été signifiée quatre jours avant la rencontre, sous prétexte que le Dalaï-lama se trouvait en Europe en même temps et que le président français devait le croiser… en Pologne précisément.


Faut-il que les actuels locataires de la Cité interdite soient susceptibles, ou bien qu’ils redoutent tellement cette force tranquille pour en arriver à un tel extrême ! A moins, tout simplement, que ce geste sans précédent autant que franchement déplacé dans sa disproportion ne trahisse une volonté jusque-là camouflée, peu ou prou, d’imposer leur volonté dans le monde, comme ils l’imposent au peuple chinois, et aux Tibétains ? Auraient-ils réagi avec pareille virulence face aux Etats-Unis, au Japon, voire envers un autre pays que la France qui se trouve présentement à la tête de l’Union européenne ?


Toujours est-il que ce coup de sang illustre à sa manière combien le Tibet et le Dalaï-lama demeurent des points névralgiques dans la perception des dirigeants du parti communiste chinois, ce qui n’exclut d’ailleurs pas divergences ni luttes de clans au sein de son équipe dirigeante ultra-restreinte. Mieux encore, c’est précisément ce genre de geste spectaculaire qui contribue à inscrire la question tibétaine sur le devant de la scène, internationalisant par là même une question que les responsables chinois veulent à toute force faire passer pour une affaire intérieure, donc interdite d’ingérence pour quiconque souhaiterait, de l’extérieur, tenter de jeter sinon un pont, du moins d’abord une passerelle entre les deux parties directement concernées.


On le sait, les rencontres entre les émissaires du Dalaï-lama et les représentants chinois n’ont débouché sur rien, les seconds ayant sèchement déclaré clos les contacts début novembre, pour préciser quelques jours plus tard que la porte demeurait ouverte… afin de fixer le sort personnel du hiérarque tibétain. Difficile de prendre au sérieux ces belles paroles, alors que toute l’attitude chinoise suinte l’arrogance, sinon le mépris, envers leurs interlocuteurs sommés de se soumettre ou de se démettre.


Cependant, au-delà de l’inconvenance du geste se dissimule à peine une autre inquiétude à ne pas négliger : la crise mondiale aidant, celle exprimée certes à mots couverts, mais tout de même lisible, par Hu Jintao en personne, qui déclarait le 30 novembre que la situation économique représentait un test pour son parti. Et le président chinois de préciser : « un test pour notre capacité de contrôle d’une situation complexe, un test pour la capacité de notre parti à gouverner. » Tiens donc… Le Dalaï-lama, qui a le dos large et ne se formalise guère des incartades des autres, serait-il un alibi commode pour les dirigeants chinois, désireux d’éviter de se voir demander sinon des comptes, du moins des explications, pour les produits frelatés, les adjuvants toxiques et autres gracieusetés empoisonnées débusqués à tout va dans les marchandises dont leurs fabricants inondent les marchés ? Histoire de se préserver ainsi d’une occasion de « perdre la face » ? Détourner l’attention des vrais problèmes reste l’une des spécialités favorites de la propagande, il ne fallait pas laisser passer l’aubaine…


De leur côté, les Tibétains se sont efforcés de garder la tête froide. La grande concertation de Dharamsala leur a permis de se retrouver, de discuter entre eux, de se recentrer et de se serrer les coudes – que faire de plus dans un contexte aussi mouvant, qui illustre si bien ce fameux principe d’interdépendance qui est l’un des piliers de leur foi ? Des lignes de forces s’ébauchent néanmoins pour l’avenir, à eux de choisir et de les faire évoluer, au dedans comme au dehors, avec le soutien de tous ceux qui gardent foi en la possibilité – la nécessité ? – d’une solution à terme à l’amiable, faute de quoi la tragique impasse ne peut que durer.


Et conduire à la répétition de drames comme celui de la mi-octobre, quand un élève d’une école moyenne de Chentsa, de la préfecture tibétaine de Malho en Amdo (Qinghaï), s’est suicidé en guise de protestation contre le manque de liberté au Tibet. Agé de 17 ans, il s’est lancé du troisième étage de son école dans le vide, en laissant à l’intention de ses parents, de ses professeurs et de ses collègues une note expliquant qu’il souhaitait attirer l’attention du monde sur la situation des droits de l’homme niés aux Tibétains. Sa mort brutale n’a pas fait pour autant les grands titres de l’actualité de la presse internationale…


Peu après, début novembre, dans les salles des Nations unies, une délégation fournie de spécialistes chinois s’offrait le luxe de réfuter les questions, preuves et témoignages à l’appui, de plusieurs ONG et d’experts de l’ONU concernant notamment les arrestations et les tortures courantes en Chine et en particulier au Tibet, sous prétexte que l’interdiction de telles pratiques était inscrite dans la Constitution de la République chinoise… CQFD, n’est-ce pas ? Et qui ne manquera pas de rassurer les embastillés de toutes les causes – défenseurs des victimes des délocalisations, du sang contaminé, du sida, des atteintes aux libertés et aux droits de l’homme, de la sédentarisation forcée des nomades, de l’arbitraire du pouvoir – qui croupissent dans les nombreuses prisons, officielles ou non, du régime.


Et dire qu’il est des pays, trop rares il est vrai, où il suffit d’un vote organisé selon les principes de la démocratie et du respect de l’autre pour ouvrir la voie à une autonomie élargie, puis à terme peut-être à l’indépendance : les Groenlandais l’ont démontré en s’exprimant massivement le 25 novembre en faveur de cette solution pour demeurer en bons termes avec le Danemark, qui les avaient colonisés il y a trois siècles. La plus grande île du monde (aussi vaste que le Tibet…) pour 56.000 habitants (cent fois moins que les Tibétains…) – alors, pourquoi pas eux ? L’équipe nationale de foot tibétaine avait bien joué naguère contre l’équipe groenlandaise, au grand dam des responsables chinois qui n’avaient pas raté l’occasion de protester…

Et si la non-violence était bel et bien une solution d’avenir ? Question à se poser, dans le sillage des événements de Mumbai et de Bangkok


                                                                                                                                                                                       LF

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